Posté par Alexis Lebrun le 21 mars 2022
Aujourd’hui, le comédien new-yorkais incarne la plupart de ses rôles au théâtre, mais dans les années 1980, c’est sur le grand écran qu’il est vite devenu un acteur culte pour toute une génération. À l’occasion des 60 ans de Matthew Broderick, TCM Cinéma revient sur ses débuts tonitruants en proposant ses trois films les plus marquants, tous tournés alors qu’il n’avait pas encore 30 ans.
Shall we play a game?
Quand le grand public découvre le visage juvénile de Matthew Broderick dans WARGAMES (John Badham) en 1983, il n’a que 21 ans, et il vient déjà de battre un record de précocité en devenant le plus jeune lauréat d’un Tony Award du meilleur acteur dans un second rôle pour une pièce jouée à Broadway. Mais c’est bien le long-métrage aujourd’hui culte de John Badham qui le révèle un peu partout en réalisant un carton inattendu. Il faut dire que le film parle au public de l’époque. Nous sommes en 1980, et la guerre froide est encore loin d’être terminée: un regain de tension entre l’URSS et les Etats-Unis fait craindre à la population une apocalypse nucléaire. Et justement, WARGAMES ne parle presque que de cette angoisse, puisque le film raconte l’histoire d’un jeune hackeur quiaprès s’être connecté sans le faire exprès au système informatique de l’armée américaine, menace de déclencher involontairement une guerre nucléaire en croyant essayer un nouveau jeu sur son ordinateur.
Ce jeune geek effronté au sourire narquois est joué par Matthew Broderick, et près de quatre décennies après la sortie du film, ce premier rôle d’envergure reste l’un des plus culte de l’acteur. WARGAMES est le témoignage d’une époque que l’on pensait révolue il y a encore quelques semaines: il témoigne d’une angoisse grandissante face aux armes nucléaires et au risque de «destruction mutuelle assurée», en même temps qu’il marque un tournant dans la représentation au cinéma de nouvelles technologies de l’information et de la communication qui sont alors aussi prometteuses qu’inquiétantes, des jeux vidéo au hacking en passant par le contrôle à distance. On raconte même très sérieusement que WARGAMES a influencé certaines décisions prises par Reagan et des députés américains en matière de cybersécurité…
Life moves pretty fast…
Après ce face-à-face mémorable avec l’ordinateur de WARGAMES, Matthew Broderick entre dans la peau d’un personnage qui ne le quittera jamais: Ferris Bueller. Ce lycéen tire-au-flanc devient une icône des années 1980 en invitant le public à suivre ses aventures en compagnie de sa copine et de son meilleur pote hypocondriaque, le temps d’une journée d’école buissonnière passée à faire n’importe quoi à Chicago au volant d’une Ferrari, sur une bande-originale aussi cultissime que le long-métrage dont elle est tirée, et qui est sorti en France sous le titre LA FOLLE JOURNÉE DE FERRIS BUELLER (John Hughes, 1986). Le réalisateur américain est un expert absolu des films sur l’adolescence, et avec celui-ci, il est au sommet de son art: survolté, Matthew Broderick s’adresse directement au public en brisant le quatrième mur, et la liberté de ton du scénario contribue à le rendre indémodable. Impossible d’oublier par exemple l’incroyable scène de la parade, où Broderick déploie toute sa fougue adolescente sur la version Beatles de Twist and Shout…
Véritable déclaration d’amour de John Hughes à la ville de Chicago, FERRIS BUELLER est ce que l’on appelle un film générationnel, mais son visionnage régulier devrait être prescrit à tout le monde rien que pour la performance de Broderick. Quelques années plus tard, l'acteur passera avec succès à un registre incomparablement plus dramatique en incarnant le légendaire colonel Robert Gould Shaw – à la tête d’un régiment entièrement composé d’afro-américains – dans l’un des plus grands films sur la guerre de Sécession, l’épique GLORY (Edward Zwick, 1989), où sa prestation est forcément un peu éclipsée par celle du jeune Denzel Washington (Oscar du meilleur second rôle) et de Morgan Freeman. Matthew Broderick a lui été un peu snobé par les cérémonies de récompenses du cinéma, mais les deux Tony Awards qu’il possède et l’amour des fans qu’il reçoit au théâtre devraient le consoler, et combien d’acteurs peuvent se targuer d’être devenus culte avant d’atteindre 25 ans?